Fabrication d’une nouvelle vie - partie 1

Ça commence souvent autour d’un souper aux chandelles arrosé d’un bon pinot et l’idée fuse, on ne sait trop d’où.

Et si on partait vivre à l’étranger?
Et si on rénovait une baraque près d’un lac? Un duplex? Une fifth-wheel? Un bungalow?
Et si on bâtissait une grosse mini maison dans la forêt?

Pour mon époux et moi, les projets, c’est la vie. C’est une parcelle de rêve accrochée au-dessus de nos têtes, une lumière qui brille sur notre quotidien. Je ne saurais trop dire si le fait d’être tous les deux survivants du cancer nous incite à mettre en chantier des bouts de paradis. Avoir connu la peur de mourir, s’être senti aspiré dans un vortex médical, devenir un ermite confiné dans la maladie…Quand on se réveille après ce cauchemar, on veut tout voir, tout faire, tout goûter. On veut prendre un marteau, des clous et construire, pour faire honneur aux lendemains heureux. 

J’aimerais croire en Dieu. J’ai choisi de croire en nous, à notre démesure, à notre soif de construire, de se reconstruire. 

Est-ce que c’est facile de rêver en mode effréné? La réponse est non. Rêver, c’est aussi brailler, pris d’un vertige devant les efforts qui devront être déployés. Mais au bout de la nuit, ébouriffés, pas lavés, on retrouve notre sourire gaga à chaque étape franchie dans l’élaboration d’une fresque pas ordinaire faite de 2 X 4.

Nous avons parfois erré en rond en suivant nos élans de créativité, notre insatiable envie de changement. Mais cette fois-ci, c’est différent et on a envie de laisser un héritage à nos enfants. Envie de transmettre l’énergie. Prendre des épaves qui gisent en désordre. Sortir le rabot. Ramener quelques gallons de couleurs. Imaginer la suite.

Dans une semaine, on déménage. C’est comme si je m’entendais dire : dans une semaine, je m’offre une autre vie. De quoi sera-t-elle faite? 

La suite, au prochain souper aux chandelles arrosé d’un bon pinot.

Notre histoire ne se répète pas, elle s’illumine de nouveaux épisodes.