Ma cabane dans les bois

Un chalet vintage, tout droit sorti des Belles histoires des pays d’en-haut. J’ai admiré le rustique.  J’ai instagrammé quelques vieux bibelots avec enthousiasme. Je me suis recueillie auprès du petit ruisseau bordant le terrain. Tout ceci était d’une perfection inouïe, à prix abordable. Quelle belle affaire!

J’ai opté pour le déni quant à l’ampleur du chantier qui se pointait. Mon amoureux, lui aussi attiré par l’appât d’une telle aubaine, a tout de même poussé quelques grands soupirs.

« Y’a de la job! », a-t-il lancé, lampe de poche au poing sous la vieille galerie.

Du boulot à abattre, il y en a. À commencer par le penthouse emménagé par quelques générations d’écureuils au-dessus du plafond pourri. La porte ouvrant sur un perchoir prêt à dégringoler. Des matelas miteux. Des chambres à coucher raboutées. Un système électrique prêt à faire des flammèches. Une fosse septique qui fuit.

En effet, y’a de la job.

Pendant presque 3 ans, à temps perdu, on a trimé fort. Entre deux coups de marteau, nous avons à notre actif quelques querelles de ménage bien musclées suivies de réconciliations à grands coups de becs dans le cou. On a passé le cap des noces d’argent pendant les rénos. 25 ans, droit devant!

Notre repli stratégique dans le bois inspire nos enfants. Les trois ont la ferme intention de se dénicher une petite maison dans la rubrique « paradis du bricoleur ». Ils rêvent d’une piaule dans un fond de rang, un horizon pas trop encombré de pylônes d’Hydro-Québec et un village nourricier tout près. Leur grand rêve, c’est de vivre en toute simplicité. Ressusciter les vestiges, bêcher, user son vieux linge. Traverser les hivers rudes en jouant dehors, entre deux corvées. Célébrer le jour qui se lève. Embrasser la nuit.

Puis, se lever de bonheur.

N'est-ce pas ce que nous sommes tous en train d'apprendre, chacun chez-soi?

Vivre au jour le jour n'est plus une expression creuse.

C'est ce qui nous tient à flot.