Voyage sur pause

Le monde se déchire, ce monde où j’ai tant aimé voyager. Fini les États-Unis. Au revoir, jolie côte est, blonde dorée. Et le Pacifique mexicain, hawaïen, calédonien? Sachez que lorsque je médite, je m’incline devant la beauté de vos hibiscus. En ce moment, j’ai décidé de prendre une pause des grands espaces pour apprécier la solitude de mes maisons-continents.

Je me déconfine sur la pointe des pieds. J’ai pris plaisir au silence de mes maisons. C’est devenu un ancrage. Parfois volupté mais la plupart du temps austérité. Le pain sec est bon avec une petite coupe de vin.

J’ai ressorti mon carnet de voyage, un souvenir acheté à Sayulita au Mexique. Un carnet qui a vu Bali, la Grèce et les Caraïbes. Un carnet devenu inutile? Dites-moi, est-ce que marcher 3 kilomètres pour aller au village, ça compte pour une destination? Je crois que oui. Le voyage est partout. Je mets le doigt sur une carte où s’entremêlent des routes en lacets, des culs-de-sac inattendus, des impasses, des sentiers minuscules… Je fais glisser mon doigt sur ce labyrinthe qui réserve parfois des surprises. Ici, un point de vue. Là, un renard qui surgit. Des images qui collent à mon esprit, exactement comme dans les grands voyages.

Je ne sais plus si j’ai envie de partir loin. Cette lassitude arrive à un bon moment. Ça semble moins compliqué de planifier un aller-retour sur la lune qu’un séjour en tout-inclus à La Havane. Je suis bien ici, privilégiée d’avoir un chalet, une fifth wheel-à-l’arrêt et un minuscule pied-à-terre dans le sous-sol de mon duplex.

J’ai créé trois pays. Je migre quand bon me semble, dans ces maisons.

Ces maisons où j’aime construire et me reconstruire. 

Havre et paix font toujours bon ménage.

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