Mots secrets pigés sur un fauteuil

Au cœur du silence

Il y a les mots

Tous les mots de lait

lentement appris

(…)

J’aime les mots

Et je les garde dans le sucré

de ma chair, là où personne

ne peut me les arracher

 Louise Dupré, Les mots secrets

 

Bercer les étoiles, la bouche ronron petit patapon.

Devant la fenêtre, plier le ciel noir

Le ranger parmi les rêves

Ouvrir le jour

Recommencer, recommencer.

 

Le lent crépuscule estompe les doutes.

Réchauffe les souvenirs.

Enfant, je me blottissais sur le fauteuil ilot.

Naufragée au milieu des chimères.

Narratrice et interprète d’une intrigue

Ogres contre lutins

Esprits maléfiques et fées rusées

Panthères muette et singes capucins frivoles

Et toujours, la même chute,

Après les combats inégaux entre le grand et le tout petit.

À la fin, avec un tonnerre de cordes de bois qui déboulent,

Le facétieux triomphant, menue menotte en l’air.

 

Enfant, j’abattais les méchants

je m’enfuyais en fusée, loin du carnage

Enfant, j’effaçais le tableau noir griffonné de doutes

Enfant, je parlais mille langues, mots secrets détachés du monde.

Le monde, ce monde, c’était le mien.

 

 

  

Suivant
Suivant

Mamichou: naissance d’une grand-mère