Le pouvoir du Plywood

Chez-nous, on ne démolit pas, on débâtit.

La distinction s’impose parce qu’elle donne de l’espoir, l’espoir qui permet de spéculer sur le potentiel du vieux, du laid, du semi-pourri et du gros ouach!

Quelque part, dans cette shed-à-bois-croche-qui-pue, se trouvent quelques pépites d’esthétisme. Oserais-je vous citer le Petit Prince pour appuyer mes dires?

Osons. 

« On ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel est invisible pour les yeux ».

Ces sheds-déchets, ces vieilles carcasses de remises, semblables à 1000 autres. On en tire des planches, des boulons, des bouts de tapis infestés de champignons et on y découvre notre propre originalité. 

C’est du « Petit Prince free style ».

Nous avons décapité une à une les shed/remise/shack qui avaient été semées sur le terrain autour du chalet. Il y en avait trois, pour être exact. De l’ouvrage qui produit une montagne de junk et une flopée d’idées. Je lance les concepts et mon vieil époux traduit le flash avec quelques coups de skillsaw. Nos transformations sont uniques, un peu wack, mais s’intègrent au paysage. C’est comme des cœurs qui se remettent à battre. Les bouts de sheds revivent en objets pratico-pratiques avec un petit côté échevelé. Le ponton amarré sur le bord du quai (un plancher recyclé), l’abri jardin devenue véranda avec châssis de bois et vieilles portes vitrées, tabourets hipsters gossés dans des poutres de cèdres agrémentés de pentures full trad.

Je verse une larme quand la mutation se révèle avec une auréole écolo chic. Mon vieil époux devient Michel-Ange avec son coffre à outil. Je l’aime d’amour, point barre.

Et certaines métamorphoses se teintent d’une réelle poésie. La récupération d’une grande feuille de plywood, autrefois ancienne enseigne d’un quelconque développement domiciliaire, est devenu la signature du petit garage-atelier érigé par mon Yves. Notre fille, Clothilde, et son amoureux, Ced-Homme-des-Bois, ont créé une œuvre avec quatre restes de fond de gallons de peinture. Ils ont fait naître un univers avec une palette de gris, noir, rouge et turquoise. Ça vibre dans une simplicité bien déclinée. Le profil de trois montagnes et un astre au milieu du ciel bleu sainte-vierge. J’adore.

En vissant cette gigantesque fresque, la forêt s’est illuminée. 

Rien d’essentiel, mais du cœur, beaucoup de cœur.

Un bonheur pour les yeux.

Ça, c’est du « Petit Prince free style ».

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