Remède pour une accro du shopping

Je viens d’apprendre que je dois vider mon appartement deux mois plus tôt que prévu. La solution pour gérer la logistique du déménagement s’impose avec la subtilité d’un truck qui fonce à vive allure sur une route de campagne.

OMG! Ai-je vraiment acheté des « robes de soirée » que je n’ai jamais portées? Des boîtes surprises qui n’ont jamais été ouvertes?  Des cadres accrochés jusqu’au plafond? Ai-je une collection honteuse de roches chipées sur les plages du Cap Breton? (Je confesse ici une addiction pour les cailloux, passion douteuse qui commence à peser lourd…)

Et dire qu’il y a 8 ans à peine, on débarquait au Québec après deux ans d’expatriation en Nouvelle-Calédonie avec notre vie sagement pliée dans quelques valises. Si le Village des Valeurs était un gym, j’aurais un body d’enfer après tous ces entraînements de shopping intense.

Je me dédouane en bramant sur les réseaux sociaux que j’achète en friperie, en usager, en égratigné. Je passe la gratte aux grosses vidanges parce que j’éprouve un irrésistible high quand je dégote un petit trésor. Je suis « écolo » … mais résolument surconsommatrice. 

« Est-ce que vous cherchez quelque chose en particulier, ma p’tite dame? », me dit la vendeuse avec une paire de sourcils en décalque et des cils qui me font du vent.

« Oui, je vais prendre du bonheur pour emporter. Le gros format, s'il-vous-plaît! »

Parce que c’est ça que j’ai fait, totalement décomplexée par ma bonne conscience de l’aubaine. J’ai chassé la bonne fortune et je réalise, avec le recul, avoir aussi fui l’ennui de me retrouver avec moi-même.

On achète pour s’occuper l’esprit. 

Depuis le début du confinement, combien de fois me suis-je surpris à entrer dans la cour d’un Dollarama (service essentiel pour les cossins indispensables…), à garer mon véhicule, à planifier mentalement mon parcours dans les allées du magasin pour finalement remettre la clé dans le démarreur et retourner dans mon étroit carré de sable, home sweet home, étrangement heureuse d’être en santé.

Les leçons du stoïcisme : un naufrage heureux dans un monde de simplicité, d'endurance et de rigueur.

« Et alors, qu’est-ce que tu vas faire avec tes robes en satin, tes roches pis tes boîtes mystérieuses? », me demanderez-vous avec un sourire moqueur, dubitatif face à mon envolée sur le dépouillement.

Je donne tout aux enfants. Mais je garde mon beau divan!

Autre épisode fort divertissant à venir sur la téléréalité familiale "Donnez au suivant".

Précédent
Précédent

Leçon de déco : moins c’est mieux

Suivant
Suivant

Le pouvoir du Plywood