Marie Kondo et le minimalisme: la nouvelle religion

Merci à toi, Marie Kondo, d’avoir propulser le ménage à un niveau supérieur. Délicate poésie distillée dans un tiroir de T-shirts roulés en ordre chromatique. Chorégraphie déjantée avec mon aspirateur Dyson. Frigo au régime minceur, où même les restes triomphent sous la lumière. Du « très peu » et raconte une vie d’ascète en devenir. Le quotidien devient rituel. Le minimalisme, ma religion. 

Lentement, mais sûrement.

Marie Kondo a vulgarisé les principes du Danshari, une méthode où s’entrelacent les vertus du rangement raisonné et du consumérisme dompté. Une méthode qui donne le droit de parler aux objets, de les étreindre avec amour, avant de les balancer dans un bac de bric-à-brac prêt à être passé au suivant. Ah! Comme ça fait du bien de se délester… bien que ce soit parfois déchirant. Est-ce que le glas a sonné pour mon petit Carry-on Samsonite bleu? Adieu valise?

À l’orée d’un décor forestier, à l’ombre duquel je vis et je m’enracine, il y a les nouveaux artéfacts de cette drôle d’époque : un masque chiffonné. Du Purell. Un écran ouvert sur Zoom. Je ne sais pas ce que je donnerais pour les étreindre, leur dire « Merci, vous êtes mes fidèles barrières contre ce monde infecté. Le temps est venu : vous et moi, c’est terminé! »

Il y a des moments où j’aimerais revenir en arrière, avec mes travers, mon ménage-pas-fait, l’enivrante surabondance d’un décor surchargé. Mon écran ouvert sur Kayak.com, Momondo, Yulair, avec un doigt suspendu au-dessus des touches du clavier et la question magique : où aller? Partir sur un coup de tête, le nez en l’air, sans un regard pour l’empreinte carbone laissée dans mon sillage.

Et tout s’arrête. Suis-je vraiment en train d’idéaliser ce qui était, ce qui ne devrait plus? 

Dans cet enfermement, il y a une guérison. Une raison. Un appel.

Vrai qu’il n’y a nulle part où aller, nulle part qu’ici, où la tranquillité me fait encore sursauter. 

Je résiste à la tentation de combler un vide. 

Cette quête me rend curieuse de tout. Le discours d’une minuscule japonaise qui répand la liturgie du limpide m'intrigue. Devant l’informe substance de notre avenir, Marie Kondo trace le chemin. 

Mais c’est moi qui choisis la destination. Rien n’est figé, tout est possible. Découvrir qui nous sommes, c’est l’histoire de toute une vie. L’usure ne peut pas définir qui je suis.

La pandémie est en train de me rendre meilleure, plus forte. Investie. Incarnée.

Le repli me connecte au « nous ».  Lorsque je médite en marchant dans les bois, ces phrases m’habitent :

Respecte ta maison.

Honore chacune des bribes encadrées, pour te rappeler d’où tu viens. 

Les écueils t’ont forgée, regarde comme tu as grandi!

Fais la paix avec moins. 

Et au lieu de décorer ta maison, décore ton intérieur.

Amen.

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