Une nouvelle vie à St-Élie-de-Caxton pour Luc Truchon et Suzanne Léveillé

C’est le village parfait pour tout changer. Un endroit magique pour la page blanche et les rêves en couleurs. Luc et Suzanne en reparlent encore, heureux d’être partis en char sur un nowhere qui les a menés quelque part : leur nouveau “chez-eux”. C’est comme si c’était hier…Deux promeneurs du dimanche éblouis, une apparition en tournant un coin de rue : une maison. Le soleil dans les yeux, le début d’une nouvelle vie et un feu d’artifice de projets tous aussi fous les uns que les autres.

Suzanne me raconte cette histoire et je la sens émue de rejouer ce moment parfait. C’est comme si elle me faisait regarder dans la lunette d’un télescope pour observer l’alignement des astres et tout au bout, le pied d’un arc-en-ciel trempé dans un chaudron d’or. Cette petite maison centenaire a scellé la vision d’un autre monde, loin de la grande ville. 

Ce n’est pas un château, mais plutôt un beau morceau du patrimoine bâti qui a traversé le temps sans froisser le paysage tout autour. Humble et chaleureuse petite maison québécoise où ont vécu Joseph Garant, sa femme et leurs quatre enfants. La rue porte d’ailleurs son nom.

La première chose que Luc et Suzanne ont décidé de faire a été de préserver le revêtement de papier brique gris. Pas question d’arracher la patine du temps! Les cadres de fenêtres ont été peints violet et jaune. Des couleurs pour le glaçage d’un cupcake sur une maison, avouez que ce n’est pas banal.

À l’intérieur, du blanc pur, des fenêtres sans rideaux et une infusion de couleurs toniques dans un espace aéré, aérien. Il y a des souvenirs de voyage, des objets dont on a détourné l’usage pour en faire des meubles, comme cette cage à poules devenue table basse dans le salon. Mon regard glisse sur les toiles, les poteries, la vaisselle vintage…Il y a abondance et pourtant, on se sent dans un ensemble équilibré. C’est à la fois décontracté et imparfait. 

On a galvaudé le terme « vintage » jusqu’à s’en donner mal au cœur. Pourquoi aimer l’usure des autres? J’ai lu quelque part que « le vintage ne doit pas sa valeur à son ancienneté, mais au fait qu’il manifeste la présence du passé dans le présent ».  Utiliser le passé qui était jusque-là en exil. Se meubler avec désinvolture, heureux du détournement des objets, comme la cage à poules. 

Détourné, recyclé, repensé. Honoré. 

Boire dans une tasse de thé qui a vu rire et pleurer, n’est-ce pas là une jolie mode circulaire

***

Leur maison est devenue leur camp de base. La mission « réno » s’est poursuivie dans le village. Luc et Suzanne ont acheté un salon funéraire fatigué de voir mourir. Fidèle à leurs habitudes, ils ont rescapé en plongeant les pinceaux dans des couleurs impossibles et rigolotes. Quelle ligne allaient-ils donner à leur inspiration?

Un café-boutique-brocante en l’honneur de leur chien à la bouille chiffonnée, Victor.

Chercher le funéraire, vous trouverez le bonheur.

Ce n’est pas très loin d’un arbre inusité qui est chargé de paparmanes.

Rien ne se perd. Tout s’invente.

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